C’est notre dernier jour! Nous partons en tuk tuk pour faire quelques derniers achats. C’est le nouvel an Khmer Chaul Chnam Thmey, la fête a battu son plein hier soir et des autels sont dressés un peu partout. En 2013, les cambodgiens entrent dans l’année du serpent. Fleurs de lotus et lanternes, tentures et oriflammes multicolores, tintements de cloches et roulements de tambours… !
L’atmosphère est à l’allégresse et à la spiritualité. On s’asperge d’eau et on brûle des bâtonnets d’encens pour purifier son âme… Et s’assurer beauté et intelligence dans la réincarnation suivante! Cette fête religieuse débute chaque année le 13 ou le 14 avril pour se terminer le 15 ou le 16 avril. Elle marque la fin de la saison sèche.
Les Cambodgiens apportent des offrandes aux Vat (pagodes), astiquent leurs maisons, échangent cadeaux et vêtements neufs, et s’aspergent les uns les autres. C’est la fête la plus importante de l’année. Fidèles à leur tradition, les Cambodgiens ruraux comme citadins, entreprennent, à l’occasion du Nouvel An, un pèlerinage à Angkor où ils dressent leurs tentes pour une partie de camping ou de pique-nique. Heureusement que notre visite des temples d’Angkor n’a pas eu lieu pendant la fête! Nous avons vu hier que certaines parties ne seraient pas accessibles pendant le nouvel an car il y a vraiment beaucoup de cambodgiens dans les temples pendant ces jours.
Ce matin la ville est bien calme, les cambodgiens se reposent après les festivités de la veille. Nous faisons quelques derniers achats : une statue de Bouddha et surtout du poivre de Kâmpôt. J’en achète d’habitude dans une boutique spécialisée lorsque je suis de passage à Paris, c’est le moment d’en rapporter de la région de production car il est vraiment très bon! Au Cambodge, la culture intensive du poivre a pris son essor au début du XXème siècle, notamment grâce aux conditions douanières favorables en France pour les « poivres d’Indochine ». 
La production atteignit son pic au début des années 1960, le poivre de Kampot étant alors reconnu par les grands chefs comme l’un des meilleurs au monde. Mais la guerre du Vietnam et la prise du pouvoir par les khmers rouges déstabilisèrent l’agriculture locale, notamment celle du poivre, assurée par des milliers de petites exploitations et fortement tournée vers l’exportation.
Les massacres perpétués à la fin des années 1970 portèrent un coup de grâce à l’agriculture poivrière. La production est repartie progressivement depuis une dizaine d’années. Le poivre de Kâmpôt est très parfumé, piquant sans excès, long et persistant en bouche. C’est aussi le premier produit du Cambodge à bénéficier d’une IGP (Indication Géographique Contrôlée) : Les « faux » poivres du Kâmpôt sont fréquents, même au Cambodge. Ce sont des poivres du pays cultivés avec moins de soin, ou de grosses productions « standard » du Vietnam voisin. J’espère que nous avons fait un bon choix !
Le vieux marché de Siem Reap offre quelques belles surprises. Le côté « tombé du camion » attire de nombreux touristes, mais la partie « alimentaire » est bien plus intéressante. Elle est bruyante, odorante, colorée, cosmopolite. Certes, il faut accepter de circuler au milieu de morceaux de viande, poissons vivants ou éviscérés à même le sol. Mais rien n’est comparable aux odeurs d’épices qui se mêlent à celles des fruits et légumes d’une fraîcheur inouïe. Les vendeurs, souriants nous interpellent, nous sommes très loin des marchés européens !
Nous retournons à l’hôtel pour boucler nos valises et nous baigner en attendant l’heure du départ fixée à 16h. Nous décollons de Siem Reap à 18h30 pour Saigon où l’atterrissage fut homérique, le pilote remettant les gaz à fond pour un tour d’honneur au dessus de Saigon (en fait un vent violent a parait-il perturbé l’atterrissage !). On vous rassure, 15 minutes après, le deuxième essai fut le bon. Le vol Vietnam Airlines décolle à 22h30 et après 12h de vol nous voilà de retour en Europe.
