Après deux heures de route, nous entrons par l’entrée est, la moins fréquentée des deux entrées. On voit immédiatement qu’ici il y a plus de monde que partout ailleurs jusqu’à présent. Pure merveille naturelle, le Grand Canyon est avant tout un phénomène géologique étonnant. Immense d’abord avec ses 300 kilomètres de long et ses 20 à 30 kilomètres de large, la rivière Colorado y serpente au fond 1600 mètres plus bas.
Du bord du plateau le visiteur découvre une succession de canyons, de gorges, d’éperons rocheux et de mesas. Les couches sédimentaires bien visibles offrent de multiples couleurs variant suivant la hauteur du soleil. Difficile d’imaginer que ces roches ont été formées sous la mer il y a des millions d’années. La rivière qui a mangée la roche tendre a dû contourner la roche plus dure ce qui explique la présence de ces très nombreux méandres.
Tous les belvédères ont été baptisés : Maricopa Point, Rim Trail, Hopi Point, Mohave Point, The Abyss, Pima Point d’où l’on a une bonne vue sur la rivière du Colorado et enfin Hermits Rest. Et tous offrent des panoramas superbes sur le canyon.
Le premier point de vue que nous atteignons, Desert View, nous donne un aperçu de la démesure du canyon. Mais je ne crois pas que les photos puissent rendre cette impression d’infini autant dans la profondeur que dans la largeur. D’autant que la lumière de midi a tendance à tout écraser. Nous faisons ainsi 3 points de vue, tous magnifiques en nous dirigeant vers Grand Canyon Village.
Une telle splendeur suscite l’émotion et devant un spectacle aussi grandiose l’on se sent vite insignifiant. Pour ceux dont le voyage est une quête, l’impression d’assister ainsi à la naissance du monde apportera un premier frisson. Bonheur intense de partager cet instant incomparable où la roche semble retrouver sa nudité originelle. Le vent, dans un murmure, emporte au loin nos dernières certitudes et nous laisse seuls face à notre ignorance.
Il est bien entendu possible de descendre au fond du canyon mais le trajet aller-retour ne peut s’effectuer dans la journée à moins bien sûr d’être entraînés. Suivant l’itinéraire il faut compter quatre heures de marche pour descendre et parfois le double pour remonter.
Les plus fortunés peuvent envisager le survol du canyon en avion ou en hélico et les plus aventuriers une descente des rapides du Colorado. Nous mangeons au General Store puis prenons le shuttle pour longer Grand Canyon et aller jusqu’à Yaki Point. Hélas on se plante dans le schedule et on se tape tout le circuit du village en bus… 30 minutes de perdues. Enfin, voici Yaki Point. La lumière a changé, le ciel est à l’orage et le spectacle d’autant plus beau. 
Puis nous quittons grand Canyon, direction Williams où nous avions prévu de faire étape. Mais en route, comme nous sommes en avance, nous décidons de poursuivre vers l’ouest pour nous rapprocher de Los Angeles.
A 18 heures nous voici à Kingman sur la mythique Road 66 (sixthy six). Nous trouvons un motel à 38 USD la nuit. Nickel ! Nous dînons au Dambar and Steackhouse ; à l’entrée, un gars chapeau de cowboy et santiags vous accueille, la salle munie de grands ventilateurs est de style Far West, et le sol est recouvert de sciure de bois… L’Amérique profonde ! Très bon repas, excellente viande.
La voie ferrée passe à Kingman. Un convoi se présente : quatre locos diesel tirent un attelage composé de …120 wagons !! Quand on vous le disait que les States c’est grand!!!.