Bundi, un charme pittoresque

Nous partons assez tôt pour faire les 300 kms de route qui nous attendent jusqu’à Bundi, notre prochaine étape où nous resterons deux nuits. Notre route passe dans une région où le climat ambiant est très propice à la culture du pavot qui est en fleur en ce moment. Traditionnellement, les guerriers rajasthanis consommaient de l’opium pour se donner du courage avant le combat. Aujourd’hui, la culture est très surveillée et on en produit paraît-il exclusivement à des fins médicales.

Prochain arrêt dans un temple dont le nom m’échappe. Il est fait d’une multitude de miroirs qui reflètent la lumière. Selon Ram, ce temple est très riche. Vu la taille du box aux offrandes ce doit être vrai. On peur même y faire ses offrandes avec sa CB !!

A 110km au nord-est d’Udaipur, voici Chittorgarh. Cette ville est le témoignage du courage et du sacrifice des grands chevaliers Rajputs. En effet, les combats qu’ils y livrèrent du XIVème au XVIIème siècle étaient régis par un code de l’honneur, ce dernier étant plus important que la mort !

Aucune reddition en cas d’impossible victoire mais le « Johar », un combat acharné jusqu’au dernier souffle tandis que femmes et enfants s’immolaient sur un bûcher ! Les nombreuses empreintes de mains féminines colorées laissées sur les pierres témoignent des sacrifices du « Johar ».

Le fort de Chittor percé de sept portes, constitue l’une des plus imposantes constructions défensives du royaume du Mewar. Il est à l’abandon mais ses ruines sont impressionnantes. Elles abritent entre autres les ruines du palais Rana Kumbha avec ses étables à éléphants et à chevaux, la tour de la victoire, le palais de Padami et quelques temples.

La tour de la victoire, Jaya Stambha compte huit étages et est décorée à l’intérieur de sculptures hindoues. Au pied de la tour, se trouve le lieu d’immolation des veuves, il est marqué par de grosses pierres plates. Cette pratique appelée sati fut proscrite par la reine Victoria en 1861. Néanmoins, la coutume perdura (à petite échelle). Le Parlement indien vota une loi en 1988 pénalisant toute forme d’assistance à ce type de suicide, suite au sati d’une jeune veuve de 18 ans. Le dernier sati officiellement enregistré date de 2008, incroyable !.

Le temple de Sammidheshwar est dédié à Shiva, à l’intérieur se trouve un Shiva à trois visages, à gauche il est en paix, au centre il est sérieux et à gauche il est en colère. Devant le temple, nous voyons le premier Nandi (taureau) de notre circuit en Inde du Nord. Nous en avons vu bien plus dans le sud.

Juste derrière le temple de Sammidheshwar, nous découvrons un groupe d’hommes et de femmes faisant leurs ablutions dans un bassin.

La vue panoramique sur la ville est très belle !

On reprend la route, les champs de pavot ont cédé la place à des carrières de pierre, les camions en surcharge sont nombreux et font un peu peur. Sur la route, le massala chai concocté dans un boui- boui est toujours aussi bon !

Les pompons noirs accrochés aux camions sont là pour chasser les mauvais esprits !

A Bundi, nous logeons pour deux nuits dans un haveli plein de charme construit il y a plus de 200 ans, le haveli Braj Bhushanjee. Cette maison d’hôte offre une jolie vue panoramique. Le pilier et les arches en pierre taillée sont des exemples de l’architecture rajpute et la décoration reflète le patrimoine local. On s’y sent bien et les repas (pur veg) sont excellents.

La journée commence par un très bon petit déjeuner puis nous filons au Garh Palace. Nul doute, sans le Garh Palace, Bundi ne serait pas Bundi.

Ce majestueux palais rajput surplombe la ville et lui donne une bonne partie de son cachet. Il est aujourd’hui désaffecté, mais une petite partie reste ouverte aux visites. On y  accède par Sadar Bazaar, la rue principale de la vieille-ville de Bundi. Un guichet abrite un caissier nonchalant qui prélève des taxes dont on se sait trop à quoi elles serviront. On peut avoir des doutes sur leur affectation à l’entretien de l’édifice qui malheureusement tombe vraiment en ruines.

L’entrée se fait par l’imposante porte des Eléphants. A l’étage, un magnifique trône en marbre blanc domine la cour. Ensuite, on accède au Chatra qui comporte de très belles fresques murales dans les tons turquoise, vert, bleu et jaune. On y remarque surtout les piliers soutenus chacun par quatre éléphants dans le Hathiya Sal et les portes en bois incrustées d’ivoire.

Le palace de Bundi est considéré comme l’un des plus beaux exemples d’architecture rajpoute. Quelques salles ont été ouvertes à la demande de notre guide (pourboire au gardien of course!) car la plus grande partie du palais ne se visite pas, les lieux sont désaffectés, en piteux état, et livrés aux chauves-souris. Il est regrettable que l’Etat indien, ne puisse entretenir correctement un tel joyau du passé rajput et le laisse tomber en ruines, plus ou moins dans l’indifférence. 

Nous sommes ici en territoire Rajput, et autant dire qu’ils ont fière allure les Rajputs avec leurs dhotis, leurs boucles d’oreilles, leurs turbans, et leurs moustaches effilées. Quand on les croise dans les rues, ils ne regardent pas leurs pompes, mais marchent fièrement, la tête haute.

Ils se retrouvent sur les petites places de la vieille ville, discutent, fument quelques bidis, boivent un chaï, refont sans doute un peu le monde, à moins que refaire le Rajasthan soit un horizon suffisant. Dans le kaléidoscope indien, ils représentent sans doute avec les sikhs la quintessence d’une certaine élégance.

On retrouve dans les ruelles de Bundi une atmosphère assez magique qui a disparu des grandes villes du Rajasthan. Ici, vous ne trouverez pas de charmeurs de serpents assis à attendre le touriste pour la photo. Chacun vaque tranquillement à ses occupations.

Évidemment, les vaches ne sont pas absentes de ce paysage urbain. Comme partout en Inde, si l’une d’entre elles a décidé d’occuper le milieu de la rue, les rickshaws auront beau klaxonner, c’est peine perdue. Elles sont ici chez elles. N’inversons pas les rôles, dans les villes indiennes l’homme semble parfois n’être qu’un invité dans un territoire déjà conquis par la gent bovine. 

Nous descendons lentement par Sadar Bazaar direction la vieille ville. À Bundi, nous prenons grand plaisir à marcher tranquillement dans les ruelles. Pas de circulation dantesque, pas de vendeurs ou de rickshaws qui nous apostrophent sans cesse, juste des Indiens qui nous regardent (oui, on est tout de même en Inde !) et qui échangent volontiers un sourire avec nous. 

Après avoir déambulé dans le fort, le long des remparts, dans le palais, après s’être perdu dans les ruelles, la seule, l’unique adresse absolument incontournable où il faut aller à Bundi, c’est la petite échoppe de Krishna dans Sadar Bazaar. Krishna nous y a servi le meilleur chaï jamais bu en Inde, une merveille ! En plus, il est très sympa. Comme Gérard avait une petite faim, il est vite rentré chez lui à la maison pour nous préparer quelques pakoras aux légumes !

C’est en tuk tuk que nous allons jusqu’au cénotaphe aux 84 piliers et à Raniij ki Baori, un très grand puits qui fut commandé par une reine. Ce puits, joliment décoré, avait des fonctions hygiéniques et approvisionnait la ville en eau.

Nous rentrons à pied à l’hôtel et en profitons pour flâner encore un peu dans cette charmante vieille ville. Difficile à expliquer, mais Bundi nous a vraiment séduit !

 

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