Des rats sacrés de Deshnok à Bikaner la médiévale

Ce matin, petite discussion avec notre guide car nous sommes un peu restés sur notre faim à Alsisar. Nous souhaitons visiter encore quelques villages du Shekhawati qui sont mentionnés dans tous les guides. C’est ainsi que nous filons vers Mandawa puis vers Fathepur pour découvrir les havelis de ces deux villages. C’étaient souvent de vrais petits palais. Leurs murs intérieurs comme extérieurs sont ornés de fresques peintes.

Ces fresques appelées « chitera » ont été réalisées par des artisans de la caste des kumbhar (potiers) ou des cheraja (maçons). Ils utilisaient des pigments essentiellement végétaux : noir de fumée pour le noir, chaux pour le blanc, indigo pour le bleu, safran pour l’orange et diverses argiles de couleur pour le vert, le rouge et  l’ocre jaune.

Certaines havelis sont surveillées par une famille de gardiens dormant dans une petite aile de la maison et ouvrant les portes aux quelques visiteurs. Quand on leur demande où est le propriétaire, on nous répond Calcutta ou Mumbai, pour affaires. Pourquoi les gardes ne prennent-ils pas plus leurs aises dans ce cas ? Le dharma !  Chacun à sa place !

Nous ne regrettons pas notre petit détour, les deux villages sont pleins de charme et très animés ! Beaucoup de marchands, de boutiques, c’est génial !

La route vers Bikaner est longue car la circulation est lente 70km/h au max. Les routes sont en assez mauvais état. Ram nous propose d’aller voir le temple des rats. Je suis un peu réticente à l’idée de les sentir courir sur mes pieds, mais j’aimerais voir quand même. On y va !

Situé à Deshnok, au sud de Bikaner, le Karni Mata Temple attire les touristes pour son originalité. Les rats seraient une réincarnation des membres de la caste des Charan, à laquelle appartenait Karni Mata. Cette femme sainte désirait ressusciter un enfant au Royaume de Yama mais ce dernier avait déjà été transformé en rat blanc. De colère, elle décida que désormais, plus aucun membre de sa caste ne passerait par le royaume de Yama pour leur réincarnation mais qu’ils deviendraient directement des rats. C’est pourquoi cet animal est sacré.

Les pèlerins viennent souvent de très loin pour vénérer les rats du temple et leur apporter une offrande composée de graines, de lait, de sucreries et noix de coco. D’ailleurs, des prêtres et des familles y habitent en permanence pour les nourrir. Jamais d’épidémie de peste dans ce sanctuaire, un miracle selon la population !!  

Comme dans tous les temples, il faut se déchausser, heureusement, les touristes ont droit à des chaussons…….marcher dans les crottes de rats pied nus comme les hindous,  ce n’est pas trop mon truc !

Beaucoup de dévotion chez les hindous. Ils cherchent tous un rat blanc, pour celui qui en vois un c’est plutôt bon signe ! J’ai eu cette chance, c’est apparemment du bonheur pour toute la vie ! Au contraire, si vous en écrasez un, les fidèles risquent de ne pas être contents du tout.  Ici, on se sent vraiment dans un autre temps, un autre monde.

Arrivés à Bikaner nous prenons un tuk-tuk avec Ram par nous rendre en centre ville. Le principal attrait de cette cité poussiéreuse, isolée dans l’aridité du nord-ouest rajasthani, réside dans la forteresse de Junagarh, dont les palais sont d’un raffinement exquis. Nous irons la visiter demain matin.

La balade à pied dans la vieille ville de Bikaner évoque ce Rajasthan, quasi médiéval par certains aspects, brusquement projeté dans les cahots du développement à l’indienne. De nombreux attelages de dromadaires sillonnent toujours les rues de la ville, mais scooters et automobiles leur font une concurrence de plus en plus bruyante…ça grouille, ça klaxonne, ça circule dans tous les sens……..incroyable, nous n’avons jamais vu ça !

La nuit tombe vite et nous nous installons au Laxmi Niwas Palace. L’hôtel se situe dans le palais du maharadja de Bikaner. Le palais est magnifique, très bien entretenu, calme et paisible. Un havre de paix ! La salle du billard et le bar sont très british, des trophées de chasse, peaux de tigre, têtes de buffles et d’antilopes ornent les murs.

Nous dînons dans la cour intérieure du palais au son d’un orchestre sous un ciel étoilé…….féerique !

Avant de quitter Bikaner, nous allons ce matin visiter le Fort de Junagarh, un bel exemple d’architecture Moghole. Sa construction a été initiée au XVIe siècle par le Raja Rai Singh. Le fort renferme divers palais et temples ; c’est un superbe labyrinthe de couloirs, d’escaliers, de terrasses et de cours intérieures.

A l’entrée des forts du Rajasthan on découvre souvent des empreintes de mains indiquant le nombre de veuves de haut rang ayant pratiqué la sati lors des guerres avec les troupes islamiques. Les femmes nobles préféraient s’immoler dans le feu plutôt que finir esclaves, violées ou tuées. Sur le mur de la 2ème porte du fort de Bikaner, sont disposées les empreintes de mains de Sati, épouses de Maharaja ou de chef rajpoute qui se sont immolées sur le bûcher funéraire de leur mari.

Ram nous guide dans l’exploration des différents palais, des tourelles, des balcons sculptés, des terrasses et des cours.

Le nombre de fenêtres est impressionnant. Les superbes moucharabiés permettaient aux femmes de voir ce qui se passait dans les cours sans être aperçues par les hommes. Le rose du grès contraste avec la pierre blanche également utilisée et partout les peintures et les fresques permettent d’imaginer la vie à l’époque des Maharajas.

A l’étage, on peut voir le premier ascenseur installé au Rajasthan, importé d’Angleterre en 1914, et dans la salle d’arme, un fusil de 4 m de long transportable uniquement sur un éléphant.

Dernière curiosité, dans le bureau du Maharaja on peut voir une gravure de la signature du Traité de Versailles en 1920 : on y voit le Maharaja Ganga Singh côtoyer la Reine d’Angleterre et Clémenceau.

Pour leur première sortie, les jeunes mariés vont toujours au temple. Nous avons la chance d’en rencontrer dans le fort ! Ils sont très souriants et enchantés d’être pris en photo par les touristes ! C’est la saison des mariages, Ram affirme que nous en verrons beaucoup en cours de route !

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