Tous à Palerme!

Il y a bien des clichés qui courent sur Palerme, sa pauvreté, sa Mafia, son insécurité. Nous avons fait fi des idées préconçues, avons contourné les embouteillages en y allant en train et sommes partis à la découverte de la capitale de la Sicile.

Palerme se découvre de rue en rue, de jour en jour. On ne peut réduire une telle cité à une image, un angle, une prise de vue. Il faudrait pouvoir rendre compte du mouvement, de la vie, des odeurs, des sons ou encore de la chaleur de la capitale sicilienne. Car, loin des  » villes musées  » comme Florence, Rome, ou Venise, les amoureux de l’Italie trouvent à Palerme les échos les plus authentiques et les mieux préservés de la vie populaire d’antan.

La Palerme du XXIe siècle ne semble pas avoir changé : superbe, mais meurtrie par les ravages de la dernière guerre, respectant la mort qu’elle placarde sur ses murs délabrés, mais grouillante de vie dans ses quartiers populaires jusque dans ses délires baroques.

Avec ses 80 églises, ses 50 palais, ses 720 000 habitants, son urbanisation anarchique, ses embouteillages, ses ordures exposées au soleil, sa délinquance, c’est une ville surprenante et tellement fascinante !

Les échafaudages et les bâches recouvrent encore de nombreux bâtiments des artères principales et du quartier de la Kalsa. La ville se refait une beauté. Nul doute qu’on en sera encore plus séduit !

La cathédrale de Palerme, un des plus beaux joyaux de la Sicile! Ce magnifique édifice, aux couleurs rosées, est étroitement lié à l’histoire de Palerme et à celle de l’île, puisque c’est à cet endroit que furent couronnés les rois de Sicile et c’est également ici qu’ils reposent. De son passé arabe (elle fut construite sur une ancienne mosquée), elle conserve, gravés sur une de ses colonnes, des versets du Coran.

La capella palatina, la plus belle chapelle byzantine de Palerme est décorée de mosaïques somptueuses ! Située au premier étage du palais des Normands, elle est dédiée aux apôtres Pierre et Paul. L’intérieur, éblouissant, est né de l’union bienheureuse de l’architecture et de la décoration en mosaïques. Le résultat est purement splendide.

Le sol en mosaïques de porphyre et de marbre, décoré d’arabesques, est parfaitement intact. Le Christ Pantocrator, figure dominante du sanctuaire, se dresse dans la voûte aux tons bleus et or, hommage au ciel et au soleil de Sicile. Une visite à ne surtout pas manquer !

Catacombes des Capucins, âmes sensibles et claustrophobes, s’abstenir ! Le couvent des Capucins, est célèbre pour ses catacombes formées de nombreuses galeries souterraines dans lesquelles sont alignés plus de 8 000 cadavres, couchés, debout ou assis mais toujours habillés (un peu de décence !) et minutieusement classés en catégories : les professeurs, les femmes, les patriciens et les religieux.

Il s’agit de riches Palermitains morts entre les XVIIe et XIXe siècles, dont plusieurs ont été momifiés, mais dont il ne reste, pour la plupart, que des squelettes. Il était en effet de coutume, lors d’un décès dans une famille noble ou du clergé, de donner le corps à embaumer, puis de le confier aux capucins pour qu’ils l’exposent.

Rosalia Lombardo, décédée en 1920 d’une pneumonie, à l’âge de deux ans est la plus connue des momies couchées dans les catacombes.Surnommée « Belle au bois dormant », elle ressemble à une petite fille en train de faire sa sieste. Blotti sous une couverture, son visage serein est toujours encadré de boucles blondes retenues par un ruban, encore présent. Car, grâce à l’embaumement d’Alfredo Salafia, embaumeur et taxidermiste sicilien, Rosalia est l’une des momies les mieux conservées au monde. Émouvant!

La Chiesa del Gesù est la première église construite par les jésuites de Palerme. Elle a été très endommagée pendant les bombardements de 1943 mais remarquablement restaurée à l’identique. L’intérieur en croix latine à trois nefs, avec huit chapelles communicantes, est somptueusement baroque, c’est sans doute l’un des plus riches de toute l’île.

Les lamentations et les prières d’une femme couchée devant l’autel étaient assez surprenantes!

Au centre de la place Pretoria se dresse la Fontana della Vergogna  avec ses statues allégoriques. Son surnom de fontaine de la Honte (fontana della Vergogna) vient du fait que certains habitants de Palerme furent choqués par la nudité de ses statues.

Pour la petite histoire, il paraîtrait que des religieuses des couvents voisins, offensées par toute cette nature ainsi dévoilée, vinrent couper le nez des belles statues! Quant à la jolie place Pretoria, elle est dominée par les dômes des églises de San Giuseppe dei Teatini et de Santa Caterina.

Au marché Capo, on trouve tous les trésors que produit la sicile!

Espadons, sardines, sabres, anchois, crevettes rouges de Mazara del Vallo, figues de Barbarie, mangues locales, choux-fleurs vert fluo ou violets (l’effet des minéraux de l’Etna), fenouils sauvages, tripes, très longues courgettes… Impossible de visiter Palerme sans passer par le marché Capo et ses étals colorés qui concentrent tout ce que l’île a de plus savoureux.

Le meilleur stand de fruits secs et confits, d’olives parfumées à l’origan et de tomates séchées se dresse à l’angle de la via Beati Paoli, près de l’église de l’Immaculée-Conception, sous une tenture rayée bleu et blanc.

Et, pour satisfaire les plus vifs appétits, des vendeurs de petits poissons panés, chardons frits et pizzas de Palerme (plus épaisse, avec beaucoup d’oignons) sont installés devant l’Enoteca del Capo.

Palerme, vous pourrez l’aimer ou la détester, mais jamais elle ne vous laissera indifférent.

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