

Boukhara est une ville située au milieu d’une oasis et à proximité des grands fleuves mythiques l’Amour-Daria et le Syr-Daria. Elle était l’un des arrêts majeurs sur les voies caravanières. Son originalité vient de sa capacité à avoir absorbé toutes les cultures qui se sont fixées sur son territoire. Cette ville de commerçants a utilisé les bénéfices de ses activités mercantiles pour construire des bâtiments élégants et pour accueillir sans cesse la fine fleur du monde intellectuel des régions avoisinantes. Poètes, philosophes, médecins, géographes, historiens…
Pour rejoindre Boukhara, nous traversons sur 450km, le désert du Kysyl Kum, qui couvre les deux tiers de l’Ouzbékistan. Ce désert est particulièrement aride, mais il a charmé bien des aventuriers d’Alexandre le Grand, à Marco Polo ou encore Gengis Khan.


Les paysages n’ont rien d’ébouriffant et après 7 heures de route très chaotique nous arrivons enfin à Boukhara.



Boukhara est dotée d’un très riche patrimoine historique. Avec environ 2000 mosquées et 500 medersas, dont 140 sites classés à l’UNESCO, elle est l’un des exemples les plus authentiques de ville médiévale en Asie centrale. Nous y avons passé 4 jours et avons été enchantés!
A la différence d’autres villes situées sur la Route de la soie, Boukhara a su garder une authenticité joyeusement bordélique. Autour du Liab-i-Khaouz, dans les ruelles du quartier juif ou sous les coupoles des bazars, on se sent pris dans une ambiance d’un autre monde.








Les boutiques ne sont pas sans rappeler les souks marocains, mais la qualité de l’architecture, la richesse des ornements, la densité des couleurs prennent le dessus.





On écoute, on regarde, on oublie le temps. On le remonte, au cœur de cette cité interdite aux infidèles pendant des siècles. Avant d’être détruite par les hordes de Gengis khan, reconstruite, puis à nouveau rasée par Tamerlan. Sans cesse renaissante, Boukhara a perdu au fil des siècles son prestige et son importance commerciale, avant de revenir sur le devant de la scène. C’est aujourd’hui l’une des étapes les plus attachantes en Ouzbékistan. Nous avons adoré!
Le Liab-i-Khaouz



C’ est un lieu de vie et de convivialité au cœur de la vieille ville. Le bassin dispense de la fraîcheur même aux heures chaudes de l’été. A l’époque de sa grandeur, Boukhara comptait une centaine de bassins de ce type, dont le Liab-i-Khaouz est un des rares survivants.







A l’est du bassin, la madrasa Nadir-Divanbeg se distingue par les deux immenses sémourgues (oiseaux immortels) qui ornent son portail. Ces oiseaux fantastiques au plumage bleu et vert tiennent une biche dans leurs serres.









Le haut porche d’entrée est caractéristique des caravansérails, et n’était apparemment pas destiné à s’ouvrir sur une madrasa. Mais on raconte que le khan se trompa lors de l’inauguration et, en admirant le caravansérail, félicita Nadir-Divan-Begi pour son zèle religieux à construire de si belles madrasas. Il était impensable de contredire le khan, et bien qu’il n’y ait ni salles d’étude ni mosquée, le caravansérail devint une madrasa.

Nous avons dîné un soir dans la cour de la madarsa, belle ambiance (mais très touristique!)


Le complexe Poy Kalon
Au cœur de l’ancienne Boukhara, se dresse l’un des plus beaux ensembles architecturaux d’Ouzbekistan, le complexe Poy Kalon.


Véritable joyau architectural, le complexe Poy Kalon combine art arabe, turc et persan. Cette place monumentale réunit une grande mosquée, une medersa et un minaret élancé. Kalon signifie grand en tadjik et en persan.

La mosquée Kalon est la plus grande mosquée d’Asie centrale après Bibi Khanym à Samarcande. Il y règne une atmosphère de calme, de spiritualité et de recueillement.








Haut de 47 mètres, le minaret Kalon était certainement l’édifice le plus élevé d’Asie centrale à l’époque de sa construction. Cette structure alterne les motifs géométriques en briques cuites, du sol au sommet.





Subjugué par la beauté du minaret, Gengis Khan décida de l’épargner lorsque son armée ravagea la ville.
La madrasa Mir-i-Arab fait face à l’immense mosquée Kalon. Elle fut construite par le cheik Abdullah, chef religieux yéménite. Le khan finança sa construction grâce à la vente de 3 000 prisonniers perses, des musulmans chiites qui étaient considérés comme des infidèles et pouvaient donc être vendus comme esclaves.






A l’époque soviétique, cette madrasa fut la seule autorisée à dispenser un enseignement religieux en Asie centrale. Aujourd’hui, elle bénéficie d’une considérable réputation et les étudiants y sont très nombreux. Son accès est interdit aux visiteurs. Le khan Ubaydullah khan et le cheik Abdullah Mir-i-Arab y sont enterrés.

Le mausolée des Samanides

Le mausolée des Samanides est un chef d’œuvre de l’art islamique. Comme son nom l’indique, il appartient à la dynastie des Samanides, une dynastie qui a régné sur l’Asie centrale entre 875 et 999. Il a été construit par l’émir Ismaïl Samani pour son père Akhmad. Avant l’arrivée de Gengis Khan, le mausolée avait été enseveli sous du sable ce qui a évité qu’il ne soit détruit.


Ce remarquable monument, restauré avec minutie, est aujourd’hui au cœur d’un parc arboré. Le cube parfait qui forme la façade représente la terre et la stabilité, tandis que le dôme sphérique symbolise le ciel. La façade en briques de terre cuite ciselé, faites à base de lait de chamelle, de jaune d’œuf et de vin rosé, évoque un tressage délicat d’osier. Ce type d’architecture est très rare en Asie centrale.





La Madarsa Tchor Minor
La petite medersa Tchor Minor se distingue par son architecture singulière, marquée par 4 minarets élégants surmontés de coupoles azur. Les 4 minarets représentent les 4 directions du monde.


Elle fut construite en 1807 sur l’initiative du Califa Nyazkoul-bek, riche négociant de chevaux et de tapis d’origine Turkmène. Il voulait que les Turkmènes voyageant le long de la route de la soie y fassent la halte. La conception du bâtiment devrait démontrer aux visiteurs que toutes les parties du monde sont égales.


La Citadelle de l’Ark
La Citadelle Ark est la plus ancienne construction de Boukhara encore visible aujourd’hui. Elle fut pendant plusieurs siècles la résidence des émirs de la cité.

La forteresse de l’Émir était organisée comme une ville dans la ville et malgré les bombardements russes, elle n’a rien perdu de sa superbe et conserve les très belles décorations du palais et de la salle des couronnements. À voir également : les prisons, où étaient jetés les rares Occidentaux ayant réussi à pénétrer dans Boukhara après son déclin commercial.



Les remparts de la citadelle offrent un point de vue exceptionnel sur les coupoles turquoise et le minaret du complexe Poy Kalon, idéal dans la lumière dorée de la fin d’après-midi.



La mosquée Bolo-Khaouz

La mosquée Bolo-Khaouz est l’une des plus belles de Boukhara. Ses piliers sont ornés de stalactites peintes qui lui donnent une allure unique en son genre. Au pied de l’escalier de marbre trône un bassin, celui-là même qui donna son nom à la mosquée.


La mosquée Bolo-Khaouz est un lieu très agréable pour se reposer et se détendre dans la fraîcheur.





La medersa d’Oulough Beg
Cette medersa fut construite par Oulough Begh, le prince astronome de Samarkand, successeur de Tamerlan. L’inscription de la porte d’entrée rappelle la sagesse et l’ouverture d’esprit de son constructeur : « Aspirer à la connaissance est le devoir de chaque musulman et musulmane. » Ouverture d’esprit que peu de ses contemporains et successeurs ont partagée, puisque le bâtiment, comme toutes les madrasas, resta interdit aux femmes!




La médersa d’Oulough Beg avait la capacité d’accueillir jusqu’à 80 étudiants lesquels étudiaient l’astronomie, mathématiques, langue arabe et disciplines religieuses mais le gouvernement a finalement préféré la restaurer et l’ouvrir au tourisme


Le Mausolée Baha-ud-din Naqshband
L’ensemble architectural autour du tombeau de Bakhaouddin Nakhchbandi (1318-1389) est, depuis cinq siècles, un des lieux majeurs de pèlerinage pour les musulmans. Trois Hadj sur le tombeau de ce saint de l’Islam soufique, sont équivalents à un pèlerinage à La Mecque!


Bakhaouddin Nakhchbandi est le fondateur de l’ordre soufi des Nakhchbandi, le plus répandu en Asie centrale. La tombe du saint, non visible, mais signalée par la hampe traditionnelle indiquant la tombe d’un saint de l’Islam.




Ce lieu, situé à 12 Km de Boukhara, attire de nombreux pèlerins. Le rite est calqué sur celui de La Mecque. Les pèlerins doivent faire plusieurs fois le tour du tombeau, embrasser certaines parties du mausolée,.. mais aussi tourner et passer sous l’arbre qui « aurait germé sur son bâton ».




Les Bazars couverts et l’artisanat de Boukhara
Des dizaines de bazars spécialisés, il ne reste que trois marchés couverts, lourdement restaurés à l’époque soviétique : Taq-i-Sarrafon (changeurs), Taq-i-Telpak Fourouchon (chapeliers) et Taq-i-Zargaron (bijoutiers). A Boukhara la pieuse, spiritualité et commerce sont liés et s’harmonisent.













L’artisanat ouzbek est comme le pays : de par sa position centrale, il est influencé par de nombreuses civilisations, de la Chine à l’empire Russe en passant bien sûr par l’Islam ou l’Iran.





Au fil des siècles, l’artisanat ouzbek a continué à évoluer pour devenir de plus en plus raffiné. Il témoigne de l’identité de la population ouzbek.



Evoquer l’artisanat de Boukhara sans parler du tissage de tapis, c’est comme parler de Paris sans évoquer le Tour Eiffel! Ces merveilleux tapis sont réalisés par les tribus turkmènes.





Pour la broderie, le pays est particulièrement célèbre pour les beaux dessins réalisés sur les Suzanis, des panneaux de tissus d’origine persane. Les broderies réalisées sur la Suzani étaient à l’origine réservées aux jeunes mariées. Ce n’est que plus tard qu’elles se sont devenus des décorations murales convoitées.



Se promener dans l’histoire de cette ville c’est comme s’émerveiller d’un conte des mille et une nuits.













En se baladant tranquillement dans son cœur historique durant quatre jours, nous avons eu l’impression de remonter le temps, le temps où Boukhara était surnommée la « Perle de l’Orient ».








