

Istanbul, c’est l’Orient qui embrasse l’Occident. La ville a posé un pied sur l’Europe et un autre sur l’Asie, de part et d’autre du détroit du Bosphore qui relie la mer de Marmara à la mer Noire. Une situation unique qui a historiquement placé la ville au centre de multiples enjeux et de querelles,

Istanbul fut la Byzance des Grecs, la Constantinople de l’Empire romain d’Orient et la capitale des sultans ottomans. Il y a plus de mille ans, les Chinois l’appelaient déjà la « ville des villes ». Quant à nous, une expression ne nous est-elle pas restée pour désigner le luxe et l’abondance ? « C’est Byzance ! ».




Ce point de rencontre magique entre l’Orient et l’Occident compte plus de sites extraordinaires que des minarets (ce qui n’est pas peu dire). En l’espace de quelques minutes, nous entendrons l’appel à la prière jaillissant des minarets de la vieille ville, la sirène retentissante d’un bateau à vapeur bondé reliant l’Europe à l’Asie, les cris des colporteurs vantant leurs produits frais. Plus que toute autre, cette surprenante métropole invite à l’éveil des sens.





Demandez aux Stambouliotes ce qu’ils aiment dans leur ville. D’un haussement d’épaules, assorti d’un léger sourire, ils vous diront qu’il n’y a, tout simplement, pas d’autre endroit au monde comme Istanbul.

C’est en rentrant d’Ouzbékistan en avril 2024 que nous avons fait cette escale de cinq jours à Istanbul qui figurait sur notre liste des villes à découvrir depuis longtemps. Nous y avons logé à l’hôtel Bram, bien situé et tenu par deux frères très sympathiques et de bon conseil pour l’organisation des visites.


Istanbul, une ville aux multiples facettes qui n’a pas fini de nous surprendre tout au long de notre séjour!







A la découverte des plus belles mosquées d’Istanbul
Il paraîtrait qu’Istanbul compte pas moins de 3000 mosquées dispersées sur son territoire. Imposantes ou discrètes, touristiques ou méconnues, elles font partie intégrante du paysage et du patrimoine de la ville.
La Mosquée Bleue ou Sultan Ahmed Camii

En plus d’être la mosquée la plus grande et la plus visitée, elle est considérée comme l’une des plus belles mosquées d’Istanbul. Ses caractéristiques les plus remarquables sont la symétrie des proportions et ses six minarets.



En entrant à l’intérieur, on comprend tout de suite la raison d’être de son nom, à savoir que la coupole fait 23 mètres de diamètre et que le sommet de la mosquée est orné de plus de 20 000 carreaux de couleur bleue.









Cette mosquée mérite absolument une visite quand on vient découvrir la ville. Vous y verrez tout le savoir-faire des architectes ottomans réuni en un monument emblématique.
La Basilique-Mosquée de Sainte Sophie

La basilique Sainte-Sophie, Ayasofya en turc est célèbre dans le monde depuis des siècles ! C’est sans doute le monument le plus emblématique d’Istanbul. En effet, il s’agissait de la plus grande église de Constantinople, avant sa transformation en mosquée après la prise de la ville par les Ottomans en 1453.




Elle se situe dans le quartier de Sultanahmet, dans le « vieil Istanbul », non loin de la mosquée bleue, dont elle a inspiré l’architecture. La basilique Sainte-Sophie est vraiment un « incontournable » ! Impossible de passer à Istanbul pour la première fois et ne pas la visiter…





L’intérieur de la basilique est richement décoré. On peut y admirer deux immenses jarres en marbre ainsi que de nombreuses mosaïques byzantines à fond d’or: la mosaïque de la Vierge et l’Enfant ou encore la mosaïque de la Supplication.












En juillet 2020, le président Erdogan obtient du Conseil d’Etat turc la reconversion en mosquée. L’événement est un symbole de la réislamisation du pays, entreprise depuis plusieurs années. Depuis 2024, les visiteurs étrangers doivent payer un droit d’entrée de 25€/pers. pour financer des travaux d’entretien.
La Mosquée de Soliman le Magnifique (Süleymaniye Camii)

La Mosquée Suleymaniye est un chef-d’œuvre de l’architecture ottomane, avec un design qui combine des éléments de l’architecture traditionnelle islamique et byzantine. Elle a un plan rectangulaire et est entourée d’une grande cour fermée par une colonnade de portiques en forme de dôme.








Le dôme central de la mosquée est le plus grand et le plus haut d’Istanbul, il est soutenu par quatre colonnes massives, chacune décorée de calligraphies et de carreaux complexes.





L’intérieur de la mosquée est orné de belles décorations, de carreaux complexes, de vitraux colorés et de calligraphie. Le mihrab (niche de prière) et le minbar (chaire) sont particulièrement remarquables.







En plus de la mosquée elle-même, les visiteurs peuvent également explorer la cour de la mosquée, sa fontaine et plusieurs tombes de personnalités ottomanes notables.
La Mosquée Neuve (Yeni Camii)

Yeni Cami n’est, en fait, pas si neuve que cela ; sa construction fut entreprise dès 1597, mais elle s’arrêta dès 1603 en raison de différents politiques au sein du pouvoir ottoman. En effet, le coût exorbitant de la construction de la mosquée Neuve et son emplacement dans un quartier commerçant où vivait une importante communauté juive ne faisaient pas l’unanimité dans la cour du Sultan.






Image familière du paysage stambouliote, elle est élégante sans être originale, mais surtout remarquablement située au fond de la place Eminönü, à la sortie du pont de Galata. Cette mosquée est un exemple harmonieux d’architecture ottomane, avec sa superposition de coupoles et de demi coupoles, et ses deux minarets à triples balcons.








Visite du quartier des Bazars
Les Stambouliotes prennent un plaisir certain à se balader dans les rues autour des bazars, où l’énergie et la bonne humeur semblent débordantes et communicatives.

Le Grand Bazar (Kapalı Çarşı), c’est quelques milliers d’échoppes, une soixantaine de ruelles regroupées par types de produits : verroterie, tapis, bijoux, narghilés, produits manufacturés.



Le Grand Bazar se trouve dans l’enceinte des murs de la vieille ville, il existe depuis 1461, sous le sultanat de Mehmet II. Son architecture à elle seule vaut le détour avec plusieurs bedesten : des bâtiments à coupoles, entourés de hans et de caravansérails. On dit souvent qu’Istanbul a été créé pour s’y perdre. C’est spécialement vrai dans le Grand Bazar!




L’accès au marché se fait par plus de 18 portes, l’une des plus grandes étant située dans la cour de la mosquée Nuruosmaniye. La devise « Dieu aime celui qui se livre au commerce » est inscrite au fronton de cette porte, dans un cartouche orné d’armoiries ottomanes.









L’atmosphère de ce grand marché oriental reste très dépaysante même si désormais les touristes ont remplacé les caravanes venues des confins de l’Empire.









La plupart du temps les prix ne sont pas affichés, si vous achetez quelque chose n’hésitez pas à négocier !




Le Bazar égyptien (Mısır Çarşısı) ou Bazar aux épices, fut construit en 1660 (grâce à l’argent des impôts rapporté d’Égypte, tout s’explique !) et appartenait au complexe de la mosquée Neuve. A l’époque byzantine, c’était un marché où les Vénitiens et les Génois vendaient des épices. C’est l’un des marchés les plus anciens d’Istanbul et l’un des meilleurs endroits de la ville pour acheter des épices, des sucreries ou des noix. Il est situé à Eminönü, à quelques pas du pont de Galata.







Chaque jour y sont négociés des épices, des miels, des fromages, en provenance des provinces turques, des mélanges aphrodisiaques, des viandes séchées et même des animaux domestiques.












Flâner sur la place d’Eminönü
Le quartier d’Eminönü est situé à l’endroit même où fût construite la ville mythique de Byzance. C’est la plaque tournante d’Istanbul, en plus de la station de tram, de nombreux embarcadères permettent d’embarquer sur les ferrys qui, dans un ballet incessant, relient les différents quartiers européens et asiatiques d’Istanbul ou permettent de s’offrir un tour sur le Bosphore.













Le square abrite une multitude de vendeurs de bagels (simit), de sandwichs aux poissons grillés (les fameux balik ekmek), de maïs, de marrons chauds ou encore de moules fraiches qu’on peut déguster à l’unité.





La place d’Eminönü est sans conteste l’un des endroits les plus grouillants de la ville. C’est là que se dresse la monumentale « Mosquée Nouvelle » ou « Yeni valide Sultan Camii ».
Le pont de Galata et ses pêcheurs

Le pont de Galata surplombe la corne d’or et se situe sur la rive européenne entre Eminonu et Karaköy. D’un côté, il est proche de la mosquée neuve et du célèbre marché aux épices (marché Égyptien) et de l’autre côté, de la tour de Galata et de son quartier jeune, artistique, touristique et dynamique. Lorsque le pont s’ouvre au passage des bateaux, une alarme se déclenche pour prévenir les gens qu’ils ne peuvent plus accéder sur le pont.



Les pêcheurs du pont Galata
Le pont de Galata est un des endroits les plus animés d’Istanbul. Il est fréquenté régulièrement par les pêcheurs à la ligne, qui par tous les temps viennent profiter de la journée et de la nuit pour assouvir leur plaisir. Ils pêchent des maquereaux, espadons, sardines, anchois. Les poissons se tortillent dans des bassines ou des seaux, en attendant la fin toute proche.






Les restaurants du Pont de Galata
Au rez de chaussée du pont, tous nos sens sont en ébullition! On y trouve des restaurants de poissons, de produits frais de la mer, des mezzés en tous genres. Les restaurants sur les deux côtés du pont proposent à les mêmes produits, la décoration, et la musique vous aideront à faire votre choix.


Le poisson est en général servi grillé, bien préparé et surtout délicieux. Les prix restent raisonnables, malgré la haute fréquentation des lieux par les touristes, et les locaux.



Nous avons préféré nous installer dans l’un des nombreux restaurants de la rive pour y déguster un beau plat de friture.





La Tour de Galata et le quartier de Beyoğlu

La tour de Galata est l’un des monuments les plus célèbres et les plus visibles de la ville! Elle est située sur la colline de Galata en plein cœur de Beyoğlu. Elle dispose d’un panorama exceptionnel sur la ville historique (accès fermé lorsque nous y étions). La tour est devenue l’un des hauts lieux touristiques de la ville.





Le quartier de Beyoğlu
La « ville moderne », par opposition à la cité historique – s’étend de l’autre côté du pont de Galata.







İstiklâl Caddesi est l’ancienne grand’rue., elle retrouve peu à peu son prestige d’antan, surtout depuis qu’elle a été transformée en voie piétonne. Elle ne désemplit pas jusqu’au cœur de la nuit et regorge de boutiques, bars, restaurants mais aussi de musées et galeries d’art.



Cette rue piétonne à l’architecture plutôt hétéroclite, est parcourue par un tramway empreint de nostalgie. Ce tramway, qui relie la place du Tunnel à la place Taksim, s’étend sur toute la longueur de l’avenue Istiklal. C’est le seul véhicule autorisé sur Istiklal, en dehors des véhicules officiels. Cette ligne de tramway, la plus vieille d’Istanbul, a été inaugurée en 1871.





Cette artère de 1,5 kilomètre serait parcourue par trois millions de personnes chaque samedi et dimanche (on s’étonne, à chaque passage du tram, qu’il n’y ait pas d’accident).
Les quartiers de Fener et Balat
Les quartiers de Fener et Balat sont sûrement ceux ayant l’histoire la plus riche d’Istanbul. Situés côte à côte sur les flancs de la Corne d’Or, inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco, ils sont pourtant encore assez peu visités. Balat et Fener sont des quartiers multiculturels, qui abritent de nombreux Juifs et grecs orthodoxes.


Organisées comme des petits villages, l’enchevêtrement des ruelles pavées qui montent et descendent donnent l’impression d’être dans un labyrinthe.





Les maisons ottomanes colorées dont certaines sont parfaitement restaurées, les édifices religieux, les petits artisans, commerçants, les enfants jouant dans la rue et le linge pendu aux fenêtres donnent à cette zone un charme unique, hors du temps, une nouvelle facette d’Istanbul.





Après avoir découvert le quartier, et après avoir pris beaucoup de photos, une halte dans un café s’impose!








Le café Pierre Loti, Piyerloti Kahvesi en turc, se situe dans le quartier d’Eyüp. Pierre Loti était un écrivain français qui vécut entre 1850 et 1923. Passionné par la Turquie, et plus particulièrement par Istanbul qu’ il décrivait comme étant « la ville unique au monde », Pierre Loti aimait se reposer là ou se trouve l’actuel café Pierre Loti, d’où son nom.



Le café Pierre Loti se trouve au milieu du cimetière d’Eyüp et non loin de la Mosquée d’Eyûp, haut lieu de pèlerinage pour les turcs et les musulmans en général. Beaucoup de familles turques aiment se promener et prendre un thé au café Pierre Loti surtout le week-end.


Depuis la terrasse du café, on profite d’ une vue imprenable sur la Corne d’Or. Nous y avons même assisté à une demande en mariage!





Le détroit du Bosphore
Aux XVIIIe et XIXe siècles, le Bosphore et la Corne d’Or fourmillaient de caïques qui transportaient le sultan et sa cour d’un palais à l’autre, entre Europe et Asie. Ces embarcations ont depuis longtemps disparu, remplacées les ferries qui transportent touristes et Stambouliotes.






Nous avons embarqués à Eminönü pour une croisière de deux heures.





Reliant la mer de Marmara à la mer Noire, le détroit du Bosphore est l’axe principal de la ville. D’un côté, l’Europe, de l’autre, l’Asie – les deux rives sont bordées de yalı (demeures du front de mer) historiques datant de l’époque ottomane.


















Cette croisière sur le Bosphore, nous a permit de voir la ville sous un angle différent et de sentir la brise fraîche sur notre visage tout en profitant de beaux panoramas.
Istanbul, la ville où les chats sont rois
Si il y a une ville où le chat est roi, c’est bien Istanbul. On les trouve partout! Sur les tables des cafés, sur les fauteuils des brocanteurs, les voitures de police, les tombes des cimetières, sur les toits des immeubles, dans les vitrines des magasins, dans les cartons des étales du marché égyptien, et même à l’intérieur de Hagia Sofia!


Il y en a partout, ici on ne pratique malheureusement pas la stérilisation, en revanche, tout le monde les nourrit! Dans le secteur central du côté de Sainte Sophie ou du Grand Bazar, on trouve de nombreux restaurants qui laissent leurs restes aux félins.


Des assiettes de nourriture et de l’eau sont également laissées à l’extérieur des maisons pour les nourrir. Les quartiers ont même des «abris pour chats» pour protéger leurs amis à fourrure quand il fait froid. Il semble y avoir une règle tacite ici… que les chats n’appartiennent à personne et à tout le monde. Cela permet aux animaux d’être libres mais aussi bien soignés puisque chacun se sent impliqué dans leur bien-être.








Nous sommes repartis enchantés par notre séjour à Istanbul! Nous ne nous sommes pas lassés un seul instant de nos balades dans ses rues, de son atmosphère unique, de ses monuments magnifiques et du mélange de cultures qui l’imprègne. En revanche, nous avons été étonnés par le nombre incroyable de touristes et par les prix des monuments. Les attraits d’Istanbul se sont ébruités !

Istanbul fait partie de ces villes mythiques que tout voyageur rêve de visiter dans sa vie.